Agen - Moirax

Nous quittons discrètement Agen en suivant le canal du Midi qui fait le grand saut au-dessus de la Garonne. Grâce à ses 23 arches, le pont-canal enjambe le fleuve avec majesté. Ainsi les péniches et les bateaux de plaisance voguent tranquillement à quelques dizaines au-dessus des eaux de la Garonne. Le cheminement a d’abord du mal à quitter le goudron, mais dès qu’il prend un peu de relief, au château de Roquefort, il retrouve sentes et chemins à travers les collines. Ainsi la Voie de Rocamadour se faufile à travers bois et champs et atteint tranquillement Moirax, village remarquable pour sa position et surtout son prieuré du XIIe siècle qui trône au milieu des maisons à colombages.

SUR LE PONT-CANAL, LES BATEAUX PRENNENT L’AIR

Le pont-canal, que nous suivons en repartant, est une des curiosités d’Agen : des péniches y voguent au-dessus de la tête des Agenais. Construit en 1839, long de 523 m sur 23 arches, il permet au canal latéral de la Garonne de passer de la rive nord du fleuve qu’il suivait depuis Toulouse, à la rive sud qu’il suivra jusqu’à Bordeaux. Le Canal du Midi, créé par Riquet, fut mis en service en 1681 entre Sète et Toulouse, mais c’est seulement en 1856 qu’il put être prolongé jusqu’à l’océan.

 

DE ROQUEFORT-SUR-GARONNE AU CHÂTEAU DE MONTLUC

Aucun rapport avec le fromage de brebis mûri dans les grottes de l’Aveyron : les nombreux Roqueforts du Midi furent autant de roches fortifiées. Celui-ci aussi : les ruines de son château (privé et accueil pèlerins) dominent la Garonne. Autre château, mais habité et visitable sur demande, celui d’Estillac. Bâti au XIIIe, remanié à la Renaissance, il fut fortifié en 1567 par Blaise de Montluc qui y écrivit ses Commentaires, mémoires de soldat.

 

L’ÉGLISE DE MOIRAX, HAUT-LIEU DE L’ART ROMAN.

Moirax conserve en partie son enceinte médiévale et une tour de défense. Son église, qui dépendait d’un prieuré clunisien fondé en 1049 par Guillaume de Moyracho, est un exemple parfait d’art roman : plan basilical, haute nef centrale voûtée en berceau, bas-côtés avec croisées d’arêtes, abside cul-de-four, ainsi que des absidioles s’ouvrant sur les croisillons du transept, chapiteaux historiés, coupole sur trompe coiffant le chœur carré. La façade a un portail en plein cintre, aux voussures de billettes. Seuls ajouts ultérieurs : les ogives XVe du transept et les panneaux (XVIIe) sculptés par Jean Tournier, de Gourdon. Une de ses stalles représente saint Jacques pèlerin.