Moirax - La Romieu

Le paysage de collines s’adoucit après Lamontjoie, en entrant dans le Gers : les chemins parcourent toujours une campagne bigarrée où l’agriculture variée s’épanouit avec l’élevage, les fruitiers, les céréales et les tournesols. Une dernière ligne droite dans le vallon du Petit Auvignon aboutit à la dernière étape de cette Voie de Rocamadour. Les tours et les clochers majestueux de La Romieu, monuments flamboyants et étonnants au cœur de la campagne gersoise, marquent la rencontre avec le chemin du Puy.

À tous ceux qui continuent, vers Compostelle ou Lourdes, nous souhaitons un très bon chemin plein de belles rencontres et vous remercions d’avoir emprunté la Voie de Rocamadour en Limousin et Haut-Quercy jusqu’à La Romieu.

CHEMIN FAISANT, DE LAMONTJOIE À POUY-ROQUELAURE

Montjoie, du latin Mons Gaudii (mont de la joie), est un nom typique des chemins de Saint-Jacques. Bastide frontalière fondée en 1299 par Philippe le Bel sous le nom de Lamont-joie-Saint-Louis, celle-ci conserve en son église Saint-Louis (XVe) une chasse en cuivre émaillé contenant une main d’un saint roi. Entre Lamontjoie et le château de Pouy-Roquelaure, nous changeons de région : le Lot-et-Garonne est en Nouvelle Aquitaine et le Gers en Occitanie. Le château de Pouy-Roquelaure est du XVIIe au XIXe siècle.

 

LA ROMIEU, CITE DU PÈLERIN, BERCEAU D’UN CARDINAL.

La Romieu est aussi un toponyme jacquaire gascon. Lou Roumiù, d’abord nom de celui qui allait à Rome, fut étendu à tous les pèlerins. Un camî roumiù est un chemin vers Compostelle. Dès 1082, la sauveté de La Romieu, prieuré bénédictin de Saint-Victor de Marseille, fut une halte pour les pèlerins de Rocamadour, la dernière avant la commanderie d’Abrin sur la Voie du Puy. La seconde chance de la cité fut de voir naître, vers 1260, Arnaud d’Aux de Lescout, d’une branche cadette de la maison d’Armagnac. Prêtre, il fut le vicaire de son cousin Bertrand de Goth, alors évêque de Bordeaux. Or Bertrand de Goth, devenu le pape d’Avignon Clément V, fit cardinal son vicaire de cousin et le cardinal d’Aux dota son village d’une collégiale en 1318, deux ans avant sa mort.

 

DE LA SAUVETÉ A LA COLLÉGIALE GOTHIQUE.

La place centrale à arcades, les remparts, les fossés, une des quatre portes fortifiées venue jusqu’à nous donnent une idée de ce que furent, bien avant les bastides, les sauvetés où l’église accordait sa sauvegarde aux poblants. En dépit des guerres de Religion (en 1569, profanation de la tombe du cardinal et incendie du cloître), puis de la Révolution, la collégiale de La Romieu reste un bel échantillon du gothique méridional. La nef, haute de 15 m, étayée de contreforts, comprend quatre travées voûtées en ogives, l’abside polygonale est percée de hautes verrières, des tombeaux disparus subsistent quatre enfeus. Elle est flanquée à l’est et à l’ouest de deux puissantes tours. L’une, octogonale, superpose sacristie, salle capitulaire, belvédère à quatorze fenêtres et regards quadrilobés sous le toit. La seconde, donjon clocher de 33 m, est flanquée d’une tourelle escalier. Le cloître gothique, dégradé, donne accès à une troisième tour, celle du Cardinal, seul vestige de son palais disparu.